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Association CLUB ADLIS - Rencontres littéraires berbères
14 novembre 2006

Dossier KHAIR EDDINE

Dossier Mohammed Khaïr-Eddine

1ére soirée littéraire berbère, Paris le 03Nov.2006

Cette première soirée littéraire constitue un début du ce travail de fourmis que chacun de nous a le devoir de faire en tant que témoin de cette destruction  voulue des fois par une certaine élite officielle,  qui ne rate pas d’ailleurs aucune occasion pour jeter dans la poubelle de l’histoire tout cet héritage culturel  et civilisationnel  amazigh.

C’est à nous aujourd’hui, témoins de cette hemoragie culturelle et de cette mort lente de la culture amazigh,  qu’incombe la responsabilité de faire connaître et surtout de sauvegarder ce trésor qui fait partie de nous sans lui donner la sacralité des extrémistes.

Ce soir, je vais essayer de vous parler d’un grand écrivain amazigh qui n’a jamais cessé de revendiquer son identité via ses écrits et qui a su la valeur de l’écrit avant celle de l’oralité, cet écrivain marqué par le refus et le rejet de toute étrangeté de sa langue sur sa terre natale.

Il était proche des soucis identitaires des autres tout en étant cet autre qui se parle à lui  à travers ses critiques et ses remises en question du conformisme officiel. Ce conformisme qui visait à réduire au silence les aspirations des femmes et des hommes qui ne voulaient que parler leur langues et respirer leurs libertés comme ils l’ont tétés de leurs mères.

Il s’agit bel et bien de Feu M. Khair-Eddine ou de l’enfant terrible de la littérature maghrébine.

Présentation :

Le 18 novembre 1995, l'écrivain Mohammed Khaïr-Eddine mourait d'une maladie contre laquelle il a lutté de toute son énergie, allant jusqu'à perdre l'usage de la parole mais faisant entendre sa voix malgré tout, comme en témoigne son journal : « On ne met pas en cage un oiseau pareil » (Dernier journal, août 1995) . Il a ainsi puisé dans l'écriture une force capable de transformer la douleur et la souffrance en acte de création et de dépassement.
L'année 2006 marquera les onze ans de la mort du poète qui nous a laissé une oeuvre des plus intenses et des plus imposantes. Cette force singulière tient en grande partie à ce que l'homme et l'oeuvre
n'ont jamais cessé de se confondre dans un principe commun de remise en question perpétuelle, touchant sans doute à une conception de la vie et de l'humain.
Si on a beaucoup dit que la production littéraire de Khaïr-Eddine est marquée par les thèmes de l'errance et de l'exil ainsi que ceux de la révolte et de la subversion, il reste toutefois à aller plus loin dans cette oeuvre ouverte sur tant de possibles dans le domaine de la lecture et de la recherche.
Nous sommes ainsi en présence d'une oeuvre où domine cette constante absence de norme et de repère, où prédomine le principe de destruction et de construction et d'où se dégage, par-dessus tout, l'idée que la création sauve l'identité du chaos. Ecrivant en dehors de tout respect des genres littéraires classiques, Khaïr-Eddine pratique le brouillage générique, mêlant narration, poésie et théâtre, passant de l'un à l'autre, en quête d'une écriture « totale » qui se prête à divers questionnements.
C'est ainsi qu'on pourrait analyser les formes scripturales
qu'invente cette oeuvre dont on n'a pas fini d'épuiser la richesse. Elle s'inscrit en effet dans le paradoxe d'être à la fois si particulière dans son unicité et si fragmentée dans ses formes mêmes.
La question de la langue, quant à elle, se pose, chez Khaïr-Eddine, en termes pluriels entre langue étrangère et étrangeté de la langue au coeur desquelles se joue la question de l'identité et de l'altérité. Il y a là matière à réflexion.
On pourrait aussi interroger cet imaginaire foisonnant et tourmenté à la fois qui
s'articule autour de grandes figures relevant autant du spécifique que de l'universel.
Une réflexion sur les rapports entretenus par l'écriture de Khaïr-Eddine avec la culture maghrébine, notamment dans sa dimension berbère serait également féconde.

Par ailleurs, saisir la place de l'histoire et de la mémoire dans la production littéraire de Khaïr-Eddine contribuerait aussi à une meilleure connaissance de son oeuvre.
Enfin, l'analyse de la pensée de Khaïr-Eddine offre des pistes de recherche à explorer, notamment en tant que pensée de l'ailleurs ou encore en tant que pensée de l'avant-garde.
Ce sont là quelques suggestions faites au débat de cette modeste présentation  spéciale Khaïr-Eddine dont l'oeuvre bien qu'animée par des pulsions contradictoires, frappe toutefois par sa puissance, notamment dans ce qu'elle cherche à transmettre sur la littérature elle-même.



L’Engagement :

Souvenirs de l’enfant terrible

• Mohamed Khair-Eddine.

Mohamed Khair-Eddine est un mythe de la littérature maghrébine de langue française. Il a su marquer de sa belle plume, sa génération et celle qui, plus tard, s’est longtemps inspirée de son verbe révolté, de son monde rude, chantant à la fois la beauté “sudique” et dénonçant le marasme qui a pénalisé le Maroc pendant de longues années.
Le chef de file de la “guérilla linguistique” est parvenu, à coups d’articles, de publications littéraires, à façonner son propre monde. Il y a partagé le mal du pays sous une plume “enragée”. Avec
d’autres écrivains marocains engagés (Laâbi et Nissabouri...) il initie ce courant régénérateur qui marquera un tournant dans l’histoire de la littérature marocaine, et par extension, la littérature maghrébine de langue française.
Il criait haut et fort contre et pour son pays. Aussi contradictoire que cela puisse paraître, cette dualité a pendant très longtemps singularisé l’œuvre de l’enfant terrible de la littérature marocaine
. Le poète y remet en question toutes les composantes de la société. “Nous devons nous imposer, il est temps. Nous dénoncerons les malfaiteurs qui strient les chairs de notre peuple, essayer d’abolir les traditions les plus proches des ferrements. Proclamer la liberté. Ce n’est pas sans raison que je m’exile ici”, écrivait en 1961, Mohamed Khair-Eddine à Abdellatif Laâbi à propos de son engagement dans la revue Souffles.
En exil, le souvenir du Maroc est omniprésent. Le souvenir du pays d’origine habite presque toute son oeuvre. L’éloignement a renforcé ses liens avec le pays, ses maux, ses problèmes et tissé de solides liens d’amitié avec des amis poètes et écrivains qui sont restés sur place pour mener le combat, son propre combat.

Le Parcours :

Mohamed Khair-Eddine est né en 1941 à Tafrouat, d’un père commerçant qui quitte très tôt le Sud, à destination de Casablanca. À son tour, le jeune Khair-Eddine habitera à Casablanca pour poursuivre ses études au lycée. Son amour pour la littérature révèle très tôt son penchant pour la poésie. Les centres d’intérêt sont divers. Le style est très soigné. La poésie est évasion et colère.
Bientôt, il quitte ses études pour l’écriture. Dans son élan de perfection, il atterrit en France. Là-bas, il travaille en tant que mineur, puis ouvrier.
Néanmoins, il parvient à multiplier les collaborations dans des revues spécialisées (Encres Vives, Dialogues, Lettres nouvelles, Présence africaine...) et à publier la grande majorité de ses écrits. Une période d’errance qui durera une quinzaine d’années, entre le Midi de la France et Paris.
Plus tard, en 1980, Mohamed Khair-Eddine revient au Maroc. Une période de réconciliation qui donnera naissance de “Récit légende” et “Vie d’Agoun’chich”. Neuf ans suffiront pour le dissuader de rester au Maroc. L’exil s’impose une autre fois comme une solution de rechange. “Je vais, je cours, je cherche sans relâche quelque chose qui me fasse désirer la vie”, écrivait l’auteur dans “Agoun’chich”.
Il fuit de nouveau son Maroc à la recherche de nouvelles voies de création ; d’un nouveau souffle. La quête se prolonge quelques
années plus tard, avant que le poète ne s’éteigne au Maroc, suite à un long cancer.

Mohammed Khaïr-Eddine
(ou Agoun'chich l'errant)

«Derrière lui, la ville, le pays. Il les a quittés un matin le soleil ne s 'était pas encore pointé... La mort qui venait froisser ses draps alors qu'il était bébé, le faire rire ou pleurer..» (Le déterreur, p. 126)

Il disait : «Je désire trouver une phrase qui résume tout.» En deux mots on dira Khaïr-Eddine. Écrivain de refus, il l'a maintes fois prouvé dans ses écrits romans-poèmes. De Agadir, en passant par Corps négatif suivi de histoire d'un Bon Dieu, Soleil Arachide, Moi l'aigre, Le Déterreur, Ce Maroc !, Une odeur de mantèque, Une vie, un rêve, un peuple, toujours errants, la Résurrection des fleurs sauvages, Légende et vie d'Agoun'chich et enfin Mémorial, le même cri résonne à chaque fois, un cri qui résume le 'tout' «la beauté qu'il chantait, la révolte qui l'habitait et 1'insoumission dont il rêvait de vêtir ses frères en désespoir.» (revue Tifinagh n°9)

Ces oeuvres sont fortement marquées par le sud marocain dit «sudique» :

Sudique


que je crée par la pluie et les éboulis
que je transforme en lait nuptial pour des
noces de torrents(..)
Sudique
percée d'oubli soudain par des troupes ferventes
de poèmes
qui font éclater chaque pierre sous mes pieds
quand mon corps bée
entre des mains bleues
entre les flûtes
Sudique sur un pic miraculeux
couleuvre jeune récitant des piétinements sans histoire(..)
et ces tristes airs d'abandon et de haine
ces crieurs ces goumiers qui traînent
leur vie mortelle
ces Phéniciens ces nus voraces
Sudique de rutilance et de scorpions
sur tes seins enroulés fermes
et ce maudit esclave qui crache dans ton ombre.

(Ce Maroc !, Le Seuil, 1975, p. 29-31)

Ce Maroc l'obsédait, surtout pendant les années d'exil en France. Sa patrie, celle qui lui a tenu compagnie, était surtout la poésie, territoire qu'il arpentait sans se soucier des bienséances de la vie sociale. (In Le Monde des livres du 1er décembre 1995)

«Dans Agadir, disait-il, je remet tout en question : la politique, la famille, les ancêtres. Je crois qu'il faut faire tomber les vieilles statuts, tout changer par l'éducation du peuple (...) Je n'hésite pas à faire le procès de mon propre sang car il n'arrive pas à se dépêtrer de lui-même, à se transformer» (Ce Maroc !, op.cit. p.81) N'écrit-il pas dans Une vie, un rêve, un peuple, toujours errants : «Je renierai les Berbères qui auront pour du fric ou des espoirs inutiles trahi la fonction de ce monde.» Dans Moi l'Aigre, il rajoute : «Mais quelle est la goute de sperme qui a fait de moi un Berbère... [mais] les Berbères se sentent très proches des fous et des génies, ils ont la vérité fixée sur le front et ils corrigent la vie selon leur goût.» (p. 35)

Son sang est sa blessure, ce n'est pas sans raison que je m'exile ici. D'abord je voudrais faire un chemin à suivre. Et en même temps attirer l'attention du voleur et du volé, de crocodile et de la victime, des nouveaux sorciers de l'Afrique et des hypnotisés... (revue Souffle n°1, premier trimestre 1966, p. 7).

ma plaie


où seule l'abeille trouve des fleurs neuves
porte-moi loin de cet oubli
battant
et rampe
pays pays je plie bagages
ceux qui ajoutent du noir
à leur cellule
me voient partir
pays pays où seule la terre
se souvient
et hurle
quelle terreur couve
sous ta colère.

(Ce Maroc !, p. 21-22)

Son exil, il en parle à travers son vécu et à travers le quotidien. Agoun'chich est parti «... ce qui importe, ce qui prime tout le reste y compris ton existence et la mienne, c'est d'abord qu'on passe ici où là, de temps en temps, avec soi-même et avec les autres (...) cette harmonie fugitive qui vous condamne à vivre ou à périr (...) Cependant je marche ? je vais, je cours, je cherche sans relâche quelque chose qui me fasse désirer la vie» Agoun'chich (p. 68)

«Et j'erre
avec ma bombe sous l'aisselle,
banlieue foutue... oui j'erre
et je suis la nuit bleue
travaillé par le feu des enfers
et la braise pneumatique qui sangle la gravité des nuits...

mais cela ne s'écrit pas ! j'étais là fusillable,
Solo, toujours solo, chantant
en bus, métro et dans la rue or on me tire dessus !
Je sors donc mon couteau
et je me tue moi aussi
Épreuve des banlieues,
hypothétique cité
où personne ne vit
sa vie!

Suis-je orphelin
de ma terre oubliée
et dont pas même l'image
ne vient
effleurer mon affect ?»

(Extrait du Quasar II, Tifinagh n°8, déc. 1995)

Cette obsession du sud, qui est à l'oeuvre dans ses textes, procède à la fois d'un vécu au contact du terroir et d'un travail sur le langage. «Quand vous débarquez dans un pays que vous n'avez jamais vu ou que vous avez déserté depuis longtemps, ce qui vous frappe avant tout, c'est la langue que parlent les gens du cru». (Agoun'chich, p. 9) «Le Berbère oublia son écriture et une grande partie de son vocabulaire, car le premier soin du colonisateur fut à, tous les coups de le dépersonnaliser, le déposséder de ses racines, autrement dit, il tenta toujours de transformer radicalement le Berbère en un homme d'une race qu'il n'était pas, comme si l'on pouvait changer un pygargue en serpent de mer.» (Agoun'chich, p. 129)

L'errance s'inscrit dans un projet de réactivation d'un bonheur lié à un espace, dont les signes authentiques ont été effacés sous l'influence de diverses invasions. Le rôle de cette errance sert à dénoncer (la modernité sauvage), les changements que l'évolution mouvementée de l'histoire a fait subir à cet espace si singulier par sa nature et sa culture qui est le sud. (A. Tenkoul, Littérature marocaine d'écriture française, Casablanca, Éd Afrique Orient, 1985.)

L'Agoun'chich, ses sentiments restent partagés. Il se débattait avec lui-même entre deux rives... Il a vécu loin des projecteurs, «sa mort» - (pardon ! la mort c'est l'oubli) - va déterrer ce déterreur pour être lu et relu.

BIBLIOGRAPHIE

  • Agadir, 1967

  • Corps négatif, suivi d'Histoire d'un bon Dieu, 1968

  • Soleil arachide, 1969

  • Moi, l'aigre, 1970

  • Le Déterreur, 1973

  • Ce Maroc ! 1975

  • Une Odeur de Mantèque, 1967

  • Une vie, un rêve, un peuple, toujours errants, 1978

  • Résurrection des fleurs sauvages, 1981

  • Légende et vie d'Agoun'chich, 1984

  • Il était une fois un vieux couple heureux.

Sources :

Mohammed Mazouz
Parimazigh n°1 et le magazine Expressions Maghrébines
.

* * *

Dossier (sous format word) : Dossier_KHAIR_EDDINE

Hassan DORAMANE

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Commentaires
L
A tous ceux ou celles qui cherchent à mieux comprendre l'oeuvre de Med Khair-Eddine"Il était une fois un vieux couple heureux",la maison d'édition Edilivre vient de publier :Zemouri Qandil,Le Profil littéraire de Med Khair-Eddine"Il était une foer2010.is un vieux couple heureux"Editions Edilivre,fev.2010.Ce profil comporte des extraits analysés,une lecture cursive de l'oeuvre,des notions telles l'intertextualité,la parole en acte,le symbolisme,le bestiaire"une autre manière de dire",les personnages,les traditions berbères...
L
Le profil littéraire de l'oeuvre de Mohammed Khair-Eddine"IL était une fois un vieux couple heureux" vient d' etre publié en FRANCE.Il comporte des notions et des extraits analysés qui vous facilite la compréhension du roman.
R
Dans deux au plus apparaitra le profil de l oeuvre de khair eddine intitulée"llétaitune fois un vieux couple heureux"
I
azul.<br /> je vous remercie tous les participants qui sont assites de paraitre notre ecrvains berbere francophone terrible de la litterature maghrébine de la langue francaise.premierement je me presente: je suis elhachem moutaoukkil a anezi province de tiznit je suivis mes etudes a la faculte d'agadir ibn zohr.ce concerne les oevres de mohmed khair eddin sont riche.je commence de lire ses ouvrages.l'annee dernier j'ai lu une roman sous le theme:il etait une foif un vieux couples heureux.cette annee je commence de lire une autre roman c'est légende et vie d'agounch'ich.a mon avis j'adore la lecture de mohmed khair eddin car il a mentionne une grand valeur a la culture a la civilisation a la contree en generel au sud.aussi tot j'ai un grand grand remercie a l'association de mohmed khair eddin qui sont organises une table ronde sur notre ecrivain.en fin mercie a tous qui connaitr leur culture berbere.voila mon email:inerzaf_tadart@hotmail.com.
Z
Azul<br /> C'est aujourd'hui à lasalle de la Municipalité de tafraout ville natale de feu regretté Mohammed Khaïr-eddine qu'a eu leiu un hommage de mémoire et de reconnaissance rendu à l'homme et son oeuvre.J'ai le plaisir d'y participer et voici le contenu de ma participation:<br /> <br /> Lire Khair-Eddine <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> Azul ;je voudrais d’emblée remercier les personnes ici présentes pour l’intérêt majeur qu’elles portent à feu Mohammed Khair-Eddine et à son œuvre littéraire. Mes vifs remerciements vont en particulier aux membres de bureau exécutif de l’Association Mohammed Khair-Eddine pour la Culture et le Développement,aux participants à cet hommage rendu aujourd’hui à l’homme et à son œuvre,aux amis de Khair-Eddine ,aux élus de la Municipalité de Tafraout et à toute personne qui œuvre pour la mémoire et la reconnaissance posthume en hommage à notre frère aîné et regretté Dadda Moh l’écrivain romancier,poète,dramaturge fils de Tafraout ; notre fierté à toutes et à tous. <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> Pour ce qui est de mon intervention, je me limiterai à un axe de réflexion vu la contrainte du temps imparti et la densité, variété et richesse de l’ouvre de Khair-Eddine. Je traiterai de la problématique de la lecture et des outils susceptibles de la rendre aisée et fructueuse. <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> A une question sur l’hermétisme et l’inaccessibilité des ouvrages de Khair-eddine ; ce dernier répondit ainsi : « Je ne suis pas responsable de votre ignorance ».Le travail de l’auteur est fini quand son œuvre est éditée et soumise au lecteur éventuel et c’est ce dernier à qui est destinée l’œuvre de par la lecture, une lecture éveillée, intelligente et passionnée de l’entamer et d’en apprécier la valeur. <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> La problématique de lecture est visiblement caractérisée par plusieurs facteurs dont celui précité, en l’occurrence l’ignorance qui touche une grande tranche de notre société. A ce phénomène qui nuit pour beaucoup à l’œuvre s’ajoute le manque ou voire parfois l’inexistence de sensibilisation, de familiarisation, d’éducation à la lecture dès le bas âge. Un facteur qui relève du pouvoir d’achat du citoyen lettré et instruit cible d’éventuel lectorat pose également problème .Dans l’impossibilité de subvenir aux besoins vitaux de la vie,comment attendre d’un salarié chichement payé de se procurer des ouvrages littéraires au détriment du pain et du lait…Un facteur non moins important s’ajoute à cette panoplie de blocage de lecture,à savoir la censure qui a touché les œuvres de Khair-Eddine pendant plusieurs années d’exil et de marginalisation à cause de ses positions politiques. En sus, il existe une fausse image stéréotypée non fondée et populiste à propos de Khair-Eddine méprisé ainsi que son œuvre de par la rumeur et les ouï-dire. Certaines personnes le traitent d’individu imprévisible, réduisent son statut d’écrivain universellement reconnu en alcoolique, gaspilleur, athée et j’en passe. <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> Pour lire et apprécier les ouvrages de Khair-eddine, il est des outils incontournables et indispensables dont tout lecteur doit se munir. Tout d’abord, une connaissance des événements historiques vécus par le Maroc entre 1945 et 1995 car les œuvres de feu Khair-Eddine ont été composées donc inspirées par ces événements-là. Se doter aussi d’une parfaite connaissance de la langue française s’impose à quiconque aimerait s’imprégner de la lecture de Khair-Eddine. Ce dernier use de tous les registres de langue passant aisément du rare au recherché au soutenu au standard au familier et à l’argot avec une maîtrise surprenante. Si l’on observe de près le côté stylistique de la syntaxe et de la ponctuation, l’on se retrouve confronté à des figures de style variées allant de la simple métaphore, à la personnification,à la litote …On assiste aussi à l’éclatement voulu de la syntaxe et à l’irrespect catégorique et prémédité de la ponctuation ;ceci s’insère dans ce que l’auteur nomme « la guérilla linguistique ».Pour ce démarquer de l’art romanesque classique à l’instar des précurseurs du nouveau roman,Khair-Eddine est conscient de l’image du lecteur à qui il s’adresse et ma foi l’auteur n’écrit pas pour tout le monde. Voyons par la suite une caractéristique non négligeable quant à l’œuvre de Khair-Eddine. Le lexique viscéral, riche, varié, étrange, nouveau, frais, pertinent, déroutant, splendide, singulier, séduisant, moqueur utilisé par l’auteur relève des domaines distincts et aussi variés comme la mythologie, la théologie, la géologie, la biologie, l’Histoire, l’art, le patrimoine amazigh, l’oralité, la politique pour ne citer que ceux-là. <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> Je voudrais pour finir, vous remercier pour votre beau silence et toute l’attention que vous avez réservée à mon intervention et j’espère que mes mots vous ont partiellement atteints et qu’ils ont servi Khair-Eddine quoique de peu. <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> Merci <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> Zalhoud<br /> <br /> Voici ma deuxième participation,un poème que j'avais lu l'an dernier au même lieu toujours en hommage à feu Khair-eddine;mais avec une bonne nouvelle;ce poème a été édité dans un recueil collectif qui regroupe des auteurs amérindiens et Amazigh du Maroc et de l'Algérie(Mots de neige,de sable et d'océan:littératures autochtones) sous la direction de maurizio Gatti et préfacé par tomson Highway qui vient de paraître au Canada septembre 2008 aux Editions CDFM.<br /> <br /> Voici le poème:<br /> <br /> Témoin et martyr <br /> <br /> <br /> <br /> Dédié à feu Mohammed Khaïr-Eddine <br /> <br /> <br /> <br /> Reviens,ô tête brûlée,reviens! <br /> Errer dans le troisième millénaire <br /> Arpenter ronces et pierraille <br /> Désolation et doléance <br /> Ere où je gère notre commune misère <br /> Une poignée de mots chiches que par miracle <br /> Comme la parole de l'oracle <br /> Je retiens, détiens et dis bien <br /> A Anfgou où les miens <br /> Meurent <br /> Coupés du monde affamés assoiffés <br /> Oubliés de tous ces fous corrompus élus coiffés <br /> Une peuplade de hères marginalisés par une fausse Histoire <br /> Sans pain de sucre sans pain noir <br /> Sans route sans soin <br /> Sans un brin de rien sans espoir <br /> Un lien bien loin <br /> La honte la mienne et la vôtre <br /> Qui en nous se vautre <br /> La leur <br /> Ceux qui leurrent de démagogie les petites gens <br /> Ceux qui savent où se mange la côte,le cercle des intelligents <br /> Et leurrent leur pauvre marmaille <br /> Là où ne demeure que mon témoignage <br /> Mes perles déversées salées <br /> Et ma bile de mots amers inégalés <br /> Pour une jeune maman Berbère pâle comme un sou <br /> Sous le poids de la mort successive de ses mômes <br /> Pour une vieille mémé qui moud de l'orge et la honte des hommes <br /> Pour un père de famille qui retient ses larmes par pudeur <br /> Pour tout ce monde Berbère enterré vivant <br /> Que la dignité empêche de pleurer <br /> Que la peur aussi souvent <br /> Réduit au silence <br /> J'ai pleuré... <br /> <br /> Zalhoud <br /> <br /> <br /> Le même poème se trouve en vidéo sur www.youtube.com mais le son n'en est pas très fameux <br /> Voici quand-même le lien: <br /> <br /> http://www.youtube.com/watch?v=amKwCleDm4M
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